moi. — Oui, je le peux, si vous m’aidez. Il ne s’agit de rien moins, messieurs, que d’établir une fabrique de vermicelle et de macaroni.
le petit françois. — Oh ! des macaroni ! c’est si bon ! Je veux vous aider à en faire.
moi. — Et tu m’aideras encore bien mieux à les manger, petit gourmand ! Je n’ose pas assurer qu’ils seront aussi bons que ceux de Gênes et de Naples. D’abord faisons de la pâte avec cette moelle. N’y a-t-il pas ici une de nos râpes à cassave ?
ernest. — Oui, papa, et je vais vous la chercher.
moi. — Je ne suis pas très-pressé d’avoir la râpe, il me faut d’abord des coins de bois pour tenir la fente de l’arbre ouverte, et une bonne quantité d’eau.
la mère. — Voilà le plus difficile ; car la rivière est loin et nous ne connaissons point de source dans le voisinage.
ernest. — Heureusement que j’ai vu près d’ici une de ces plantes qui portent de l’eau ; il ne me manque que les vases.
Je donnai à mon fils quelques-uns des morceaux de roseaux que j’avais sciés de jointure en jointure pour en faire des vases, à la manière des sauvages, et il partit avec François. Nous nous mîmes, de notre côté, courageusement à l’œuvre, et bientôt le palmier fut fendu dans toute sa longueur ; nous pressâmes la moelle avec nos mains, et, quand Ernest revint avec son eau, nous pûmes, sans délai, préparer notre farine ; la râpe nous servit de tamis : par les petits trous passaient les petits morceaux farineux, tandis que les morceaux un peu plus gros restaient au-dessus. Ma femme étendit la farine au soleil sur des toiles à voiles. J’obtins une sorte de vermicelle en pressant plus fortement la pâte séchée contre les trous de la râpe, d’où elle sortit en tuyaux assez longs. Ma femme nous promit d’y ajouter du fromage de Hollande ; nous eûmes ainsi de vrai macaroni. Nous ne voulûmes pas, cette fois, prendre une trop grande provision