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le robinson suisse.

de fusil. Il lui avait appris assez vite à venir se poser sur son poing lorsqu’il sifflait.

Ernest lui-même, si paresseux en toutes choses, se mit à instruire son singe, et, comme je m’étais plaint assez souvent de l’inutilité de cet animal, il résolut de lui apprendre à porter des fardeaux. Il lui fit donc une hotte légère avec de l’osier, et la lui attacha sur le dos au moyen de trois courroies, dont deux passaient sous les bras et la troisième formait ceinture. D’abord le singe entra dans une violente colère : il se roulait à terre, sautait comme un furieux sur les branches du figuier, grinçait des dents, faisait d’horribles grimaces, etc. On se moqua de lui, et on lui laissa sa hotte jour et nuit. Quand il se fut un peu habitué à la porter, Ernest lui apprit à mettre dedans les fruits que nous lui donnions à nos repas, et plus tard ceux qu’il voyait pendre aux arbres. Sa hotte lui devint si chère, qu’il criait quand on voulait la lui ôter. Knips nous rendit de signalés services en nous fournissant abondamment de glands et de noix de coco ; je dois dire qu’il renversa plus d’une fois sa charge avant d’avoir atteint la terre ; du reste, il n’obéissait qu’à Ernest, qu’il aimait beaucoup et craignait encore plus.

Jack résolut d’apprendre à son chacal à arrêter et à rapporter le gibier ; il lui fit, en effet, apporter beaucoup d’objets ; mais, quand c’était une pièce de gibier morte, le chacal la mangeait en route et ne revenait qu’avec la peau et quelques lambeaux de chair. J’engageai Jack à ne pas se rebuter, à user d’une grande douceur pour rendre docile cet animal, qui, dans la suite, devait nous rendre des services.

À la fin de la journée, qui passait vite au milieu de nos travaux de construction et des leçons données aux bêtes, nous nous réunissions tous les soirs, auprès d’un bon feu, pour nous livrer à quelque causerie agréable ou à quelque occupation facile. Un de ces soirs-là nous fabriquâmes une grande quantité de bougies, en ayant soin de mêler la