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le robinson suisse.

des lions, des tigres, des serpents ? avec mon fusil je ne les crains point.

moi. — Non, mon ami, il n’y a là ni lion, ni tigre, ni serpent, mais l’air qui sort par cette ouverture est empoisonné ; nul être vivant ne pourrait le respirer sans être asphyxié à l’instant.

fritz. — Et comment donc l’air se corrompt-il ?

moi. — De plusieurs manières : quand il se charge de matières nuisibles, quand il ne se renouvelle pas assez souvent, quand il devient lourd et pesant.

jack. — Et comment reconnaître le mauvais air ?

moi. — D’abord, à la difficulté excessive qu’on éprouve à le respirer.

jack. — Eh bien, il faut se sauver quand on éprouve cette difficulté.

moi. — Oui ; mais on ne le peut pas toujours : le vertige nous tourne la tête ; les poumons s’embarrassent et cessent de fonctionner ; l’on tombe sans mouvement, et l’on meurt, à moins de secours prompts et intelligents.

fritz. — En quoi consistent les secours à donner ?

moi. — On transporte la personne malade dans un air pur ; on lui jette de l’eau fraîche sur le corps pour réveiller la sensibilité nerveuse ; puis on la frictionne avec un linge chaud ; on lui souffle de l’air frais dans les poumons soit avec la bouche, soit avec un tube ; enfin on lui donne des lavements où il entre une légère dissolution de tabac.

jack. — Qui vous fait croire, papa, que l’air de cette grotte est vicié ?

moi. — C’est que cet air, étant séparé de l’air atmosphérique, doit avoir perdu toute son élasticité et manquer d’oxygène, c’est-à-dire, d’un gaz sans lequel nous ne pouvons vivre. Du reste, voici un moyen bien simple de nous assurer que l’air de la grotte est méphitique : introduisons-y du feu ; le feu ne brûle pas dans l’air méphitique, ou ne s’allume qu’à la longue, après l’avoir purifié.