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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/191

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le robinson suisse.

ancien traîneau, auquel Jack avait attelé son buffle. François était sur les genoux de sa mère, et Ernest assis à côté d’elle. Jack, se faisant de ses deux mains une sorte de cornet, soufflait une joyeuse fanfare, comme dans un cor de chasse.

Je donnai à chacun un des flambeaux allumés, une bougie de réserve et un briquet ; nous fîmes solennellement notre entrée dans la grotte… J’ouvrais la marche ; après moi venaient mes trois fils aînés, puis ma femme avec François. D’abord nous ne pûmes nous défendre d’un certain sentiment de terreur, qui fit bientôt place à l’étonnement et à l’admiration : comme si, tout à coup, eut éclaté un immense incendie dans la grotte, nous vîmes étinceler et resplendir les parois du rocher, qui semblaient couvertes des plus beaux diamants ; des cristaux de toute grosseur et des formes les plus gracieuses pendaient à la voûte, se joignaient, s’entrelaçaient ; on aurait dit des fûts de colonnes, les bases et les entablements d’un temple. Étions-nous donc dans le palais enchanté d’une fée ? Mes enfants et ma femme l’auraient cru volontiers ; pour moi, j’avais déjà eu l’occasion de voir des stalactites dans plusieurs cavernes d’Europe, et j’avais lu la description de la célèbre grotte d’Antiparos ; je compris que, sans doute, cette grotte était un amas de sel gemme ; je brisai un des cristaux suspendus au-dessus de ma tête : son goût salé me prouva que mes conjectures étaient justes. Quelle ressource immense pour nous et pour notre bétail ! nous ne serions plus obligés maintenant d’aller ramasser du sel à la mer ; mais surtout quel bonheur d’avoir trouvé une si magnifique et si vaste habitation !

Ma femme nous félicitait sur notre heureuse chance d’avoir creusé juste à l’endroit convenable ; le petit François assurait, à voix basse, que certainement nous étions dans le palais d’une bonne fée, toute disposée à le combler, ainsi que ses frères, des plus beaux présents, s’ils étaient sages