CHAPITRE XIX
À une centaine de pas du ruisseau dont j’ai parlé se trouvaient quatre arbres d’égale grosseur, formant un carré long (rectangle) assez régulier, dont le plus grand côté, ayant vingt-quatre pieds, donnait sur la mer ; le petit côté avait seize pieds. Je taillai dans les troncs des mortaises pour y mettre les perches destinées à soutenir le toit ; sur ces perches transversales nous clouâmes des lattes et de larges morceaux d’écorce ; comme nous n’avions pas beaucoup de clous de fer, nous nous servîmes, en cette occasion, de fortes épines qui viennent sur l’arbre nommé acacia à trois épines ; nous en avions découvert un le jour précédent ; séchées au soleil, ces épines deviennent presque aussi dures que du fer.
Ensuite nous nous occupâmes de nous procurer des morceaux d’écorce pour le toit ; il nous fallut bien du temps et bien de la patience : d’abord je faisais autour des troncs d’arbres des traits de scie assez profonds pour atteindre jusqu’à l’aubier ; ces coupures parallèles étaient séparées les unes des autres par un espace de deux pieds ; je les fendais ensuite, perpendiculairement, puis j’enlevais les morceaux avec des coins ; pour les empêcher de se mettre en rouleaux, je les chargeais de lourdes pierres. Mes fils m’aidaient à les placer solidement les uns sur les autres comme des écailles de poissons. Nous eûmes ainsi un toit semblable à ceux de la plupart de nos chalets suisses.
Nous fîmes alors deux découvertes. Ma femme s’étant ser-