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des sacs de coton renfermés eux-mêmes dans d’autres sacs de peau de buffle, impénétrables à l’air. C’est ainsi qu’on la transporte en Europe sans qu’elle perde rien de son parfum ; elle entre dans la composition des liqueurs les plus fines. »

Le toit achevé, nous environnâmes nos arbres d’une palissade serrée de roseaux et de poutres de six pieds de haut, entre l’extrémité supérieure de cette palissade nous laissâmes un espace d’environ quatre pieds, fermé par un simple grillage qui permettait à l’air et à la lumière de pénétrer. Une cloison perpendiculaire divisait l’intérieur en deux parties : l’une, plus grande, pour les moutons et les chèvres ; l’autre, plus petite, pour nous-mêmes. Au fond de l’étable de longs bâtons furent fixés pour servir de perchoirs aux poules.

À côté de l’endroit que nous avions ménagé pour la porte nous plaçâmes deux bancs rustiques à l’ombre des arbres et du côté de la mer. Des claies d’osier élevées un peu au-dessus du sol, et sur lesquelles on pouvait mettre nos matelas, composaient notre ameublement.

Je savais bien qu’une maisonnette aussi frêle que celle et ne résisterait ni aux vents ni aux pluies d’hiver ; aussi mon intention était de garnir plus tard les palissades, en dedans et en dehors, de terre grasse gâchée avec du plâtre et du sable fin. Pour le moment, je ne désirais qu’une chose : donner à nos bêtes un abri où elles prissent l’habitude de se retirer d’elles-mêmes tous les soirs au retour du pâturage ; pour les accoutumer à cela, j’eus soin, pendant plusieurs jours de suite, de remplir leurs auges de pommes de terre mêlées de sel. C’était leur nourriture favorite, et mes enfants se chargeraient de la renouveler de temps en temps.

Cette cabane, que j’avais cru pouvoir achever en trois ou quatre jours, nous prit une semaine ; avec nos travaux finirent nos provisions de bouche. Comme je ne voulais pas retourner à Falkenhorst avant d’avoir établi une autre métairie du même genre près du cap de l’Espérance trom-