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le robinson suisse.

jack. — Ceci me fait souvenir que je dois donner un nom à mon buffle : dorénavant dont je rappellerai Sturm (Tempête). Ne sera-ce pas beau de dire : Voilà Jack qui arrive sur la Tempête ! »

Dès ce jour François ne voulut plus permettre à personne de toucher à son veau. Il l’embrassait, le caressait, le conduisait partout avec lui, lui apportait de la nourriture et partageait même avec lui son pain. L’animal ne tarda pas à s’attacher à son jeune maître.

Comme il nous restait encore deux mois avant la saison des pluies, nous les employâmes à travailler à notre grotte de sel pour en faire une demeure aussi agréable que possible ; les cloisons qui séparaient nos chambres entre elles étaient en planches, mais celles qui séparaient nos chambres de l’écurie et de l’étable étaient en pierre, la pierre interceptant mieux l’odeur. Les embellissements intérieurs furent réservés pour notre passe-temps d’hivernage. Pendant que nous nous occupions de la maçonnerie et de la charpente, ma femme, aidée de François, nous fabriquait des tapis de poil de chèvre destinés à couvrir le plancher un peu froid de nos appartements.

Je crois que le lecteur me pardonnera de lui dire quelques mots sur la fabrication de nos tapis. D’abord nous étendions le poil de chèvre et un peu de laine de nos brebis sur ai grands morceaux de toile à voile cousus ensemble par ma femme ; nous versions dessus de l’eau chaude tenant en dissolution de la colle de poisson ; puis nous roulions la toile ; nous la battions à coups redoublés avec des franches. À force de recommencer ces opérations, il se forma un feutre assez ferme et assez flexible.

Les pluies arrivèrent ; mais cette fois elles ne nous occasionnèrent aucun effroi ; au contraire, nous les désirions presque pour commencer nos travaux sédentaires. Nous étions d’autant plus sensibles à toutes nos jouissances, que nous nous rappelions mieux ce que nous avions souffert l’année pré-