seng, et qu’ils le cultivent maintenant avec succès en Pensylvanie.
fritz. — Après avoir ramassé nos racines de singes, nous nous dirigeâmes vers Waldegg. Mais quel spectacle de désolation s’offrit à nos regards ! Tout était brisé, renversé ; les poules couraient çà et là ; les moutons, les chèvres, erraient à l’aventure ; le coton de nos matelas et le fourrage étaient mêlés au fumier de l’écurie.
moi. — Et quels sont, suivant vous, les auteurs de tous ces méfaits ?
jack. — Les singes ; peut-être les mêmes que ceux que nous avons trouvés fouillant la terre pour arracher les racines. Si j’avais su alors dans quel état ils ont mis notre métairie, je les aurais troublés d’une bien autre manière.
moi. — Il faudra empêcher le brigandage des singes ; cette fois-ci nous leur devons quelque reconnaissance pour les racines qu’ils nous ont procurées.
fritz. — Elles sont bien meilleures cuites que crues ; nous en avons mis quelques-unes sur des charbons ardents pour les manger comme assaisonnement avec deux pigeons tués par nous une heure avant. Pendant que nous prenions notre repas, nous vîmes une troupe bruyante d’oiseaux de passage traverser les airs ; au dire de Jack, c’étaient des oies ou des cigognes. Ils s’abattirent dans notre rizière ; mais il me fut impossible de tuer un seul de ces oiseaux à coups de fusil : ils avaient placé de tous côtés des avant-postes ou des sentinelles qui avertirent la troupe de notre approche ; je lançai alors mon aigle à leur poursuite, il revint avec un de ces oiseaux tout sanglant : c’était une grue. »
Au souper, le soir même, nous mangeâmes des racines de ginseng, les unes bouillies, les autres cuites sur le gril ; elles nous semblèrent très-bonnes des deux manières ; mais, comme je craignais que ce mets ne fût trop échauffant, j’en interdis l’usage journalier ; ma femme nous servit aussi un peu de l’anis rapporté par Jack.