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le robinson suisse.

chait de les surveiller autant que nous l’aurions voulu, et, le plus souvent, nous arrivions ou trop tôt ou trop tard pour la récolte. Je compris alors la nécessité de changer notre système de culture, en faisant l’année suivante une seule semaille générale dans un champ exclusivement réservé à cela. Grâce au fer trouvé dans le navire, nous avions des instruments aratoires, tels que herses, pioches, charrues, ce qui nous permettait l’emploi des méthodes connues dans les pays civilisés : il suffisait donc de construire pendant l’hiver un double joug pour le taureau et le buffle, et d’habituer ensuite ces animaux au labour de la terre.

La mauvaise saison approchait rapidement ; bientôt le ciel se couvrit de nuages épais ; de fréquentes ondées, auxquelles se mêlaient des éclairs et de violents coups de tonnerre, nous firent hâter nos travaux. La mer était agitée, et de grandes vagues qui bondissaient jusque par-dessus le rivage semblaient sur le point d’engloutir nos domaines. Les pluies continues commencèrent même plus tôt que je n’aurais cru, et, pendant près de trois mois, nous restâmes enfermés dans la grotte.

Les premiers jours nous parurent très-tristes et très-pénibles. Nous avions conservé la vache à cause de son lait, le jeune ânon et l’onagre pour servir de monture ; nos moutons, nos chèvres, tout le reste de notre bétail enfin était demeuré à Falkenhorst, où ils trouvaient du fourrage et un abri sûr. D’ailleurs, tous les jours on allait les surveiller. Les chiens, le singe, l’aigle et le chacal de Jack étaient aussi avec nous.

Notre grotte avait quatre ouvertures en comptant la porte ; ce nombre était insuffisant, car la partie du fond, habitée par nos enfants, restait dans une obscurité complète. Les cloisons intermédiaires, fermées au moyen de tissus légers ou de châssis à jour, laissaient pénétrer de si faibles rayons de lumière, qu’à peine le milieu de la grotte était éclairé.

Pour obvier à cet inconvénient, j’employai un gros bam-