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le robinson suisse.

cier Dieu de sa protection et de nous recommander avec confiance à sa céleste bonté pour l’avenir. Ensuite nous nous mîmes à décharger notre bateau, et nous nous trouvâmes bien riches du peu que nous avions sauvé. Il fallut chercher un emplacement pour la tente, ce qui ne fut pas long. Ayant enfoncé un grand pieu horizontalement dans un trou du rocher, je posai dessus notre voile, laissant tomber à terre ses deux bouts, qui furent assujettis au moyen de malles, de caisses, de tonnes et autres objets pesants ; des crochets fixés en avant nous serviraient à la fermer durant la nuit. Mes enfants allèrent ramasser de l’herbe aux alentours, et l’étendirent au soleil sur le sable afin de la faire sécher : nous devions coucher dessus. Non loin de la tente, je construisis une sorte de foyer avec quelques pierres plates, je ramassai des morceaux de bois jetés sur le rivage par les flots, et bientôt, grâce à mon briquet, un feu pétillant réjouit nos yeux. On plaça sur le feu la marmite pleine d’eau ; ma femme, aidée du petit François, se mit à faire la cuisine. L’enfant, voyant sa mère couper des tablettes de bouillon, crut que ces tablettes étaient de la colle forte ; il dit donc d’un ton chagrin : « Maman, ce n’est point de la colle forte que je veux manger, mais de la soupe grasse ; où trouver de la viande ? il n’y a ici ni boucher ni boucherie.

— Mon enfant, lui répondit la mère, ce que tu prends pour de la colle forte est une gelée de viande cuite depuis longtemps et séchée ensuite. On a inventé ces tablettes pour remplacer la viande, qui se gâterait trop vite dans les voyages en mer. »

Pendant ce temps Fritz, ayant chargé son fusil, se dirigea de l’autre côté du ruisseau ; Ernest descendit vers la mer. Jack grimpa sur les rochers pour prendre des moules. Pour moi, j’étais occupé à tirer de l’eau les tonneaux que nous avions remorqués derrière notre barque, quand, tout à coup, j’entendis, à quelque distance, pousser de grands cris. Je reconnus la voix de Jack, et courus vers lui. Je le trouvai