d’y déposer notre huile : nous éviterions ainsi d’un côté l’odeur désagréable qui s’en exhalait, de l’autre le danger d’un incendie qui eût pu détruire notre habitation.
Ce projet obtint l’assentiment général, et, dans leur empressement, mes enfants voulaient le mettre tout de suite à exécution ; mais la journée était trop avancée : je renvoyai cette excursion au lendemain, et j’annonçai que j’allais employer les quelques heures de jour qui nous restaient encore à confectionner des rames mécaniques pour la pirogue.
« Oh ! quel bonheur ! s’écria Jack, nous n’aurons plus la peine de ramer.
— Ne chante pas victoire encore, repris-je ; je serai déjà trop heureux si j’obtiens un résultat qui me permette d’accélérer la vitesse de la pirogue sans augmenter votre fatigue. »
Mes ressources étaient, en effet, peu considérables ; je n’avais à ma disposition qu’une roue de tournebroche sur un axe de fer. Voici comment je parvins à produire, non pas un chef-d’œuvre, mais une machine grossière qui répondait cependant à nos besoins. Je fis placer sur la pirogue l’axe de fer, en ayant soin d’arrondir et de garnir les points d’appui, et de mettre des coussinets de cuir pour obtenir à la fois une moindre résistance et prévenir un frottement trop fort. Ma roue de tournebroche, mise en mouvement par les poids, fut placée près du grand mât. Aux extrémités de mon axe, j’établis un système de quatre rames en fanons de baleine, pour plus de légèreté, et disposées en croix. Une manivelle faisait tourner ces rames, qui venaient frapper l’eau chacune à leur tour, et imprimaient ainsi à la pirogue un mouvement régulier. Toutes les quinze ou vingt minutes il fallait changer et remonter les poids.
Si imparfait qu’il fût, mon travail excita l’allégresse générale. J’en fis l’essai avec Fritz dans la baie du Salut. Nous avions réussi au delà de nos espérances ; aussi, à peine