je me livrai à un examen attentif de l’arbre. Faisant appel à tous mes souvenirs, je me rappelai qu’à Madagascar il existait un arbre nommé par les naturalistes ravensara aromatica. Le tronc est gros, le feuillage épais, et on retire de son écorce une huile dont les naturels se servent pour relever et assaisonner leurs viandes. Son odeur a quelque chose du clou de girofle et de la cannelle.
Pendant deux jours encore nous fûmes retenus près de notre fumoir par la préparation des jambons. Il fallut surtout entretenir continuellement un feu modéré, et, pendant que ma femme, sous la garde d’un de mes fils, se chargeait de ce soin, nous faisions quelques excursions dans les environs, revenant toujours à l’heure des repas. La principale de nos occupations pendant ce temps fut le tracé d’une route au milieu même de nos bambous. C’était un peu pénible, mais les avantages que nous en devions retirer nous firent passer par-dessus de petites considérations de peines et de fatigues. Elle devait être assez large pour que la charrette pût s’y engager.
Nous trouvâmes, en exécutant ce travail, des bambous d’une hauteur de cinquante à soixante pieds. Cette découverte était précieuse.
« Voilà, dis-je à mes enfants, de quoi nous faire des tonneaux, des cuves et des canaux.
— Comment cela ? comment cela ? s’ écrièrent-ils tous à la fois.
moi. — Remarquez que le long de la tige vous avez des nœuds entourés d’une ceinture d’épines ; ces épines peuvent nous servir de clous, et il faut les mettre de côté. Maintenant, si vous sciez le roseau au nœud même, le conduit intérieur est fermé : en sorte qu’en sciant des deux côtés au delà du nœud, vous avez un tonneau ; si vous le sciez d’un côté au-dessous du nœud, vous avez une cuve ; si enfin vous opérez une section en deçà des deux côtés, vous avez un canal ou tuyau. »