serons obligés de la préparer sur place, et il y a assez de travail pour que tout le monde soit occupé. »
Ma femme avait, elle aussi, employé utilement toute la journée. Au moyen de tiges de bambous elle avait fait un petit canal qui conduisait l’eau des rochers à un réservoir où pouvaient venir s’abreuver nos bêtes de somme et notre menu bétail. En arrivant au pied de ces rochers, elle avait trouvé une sorte de terre glaise blanche et friable dont elle nous montra quelques échantillons. Je crus reconnaître la terre de pipe, et je ne désespérai pas de parvenir à nous en servir pour faire de belle porcelaine. Ensuite elle avait construit un petit four à l’aide de cette terre, et le reste du temps avait été employé à faire transporter par les buffles les pierres, les pieux et les plus gros bambous trouvés par elle : ainsi elle amassait des matériaux qui devaient nous être très-utiles quand nous ferions notre mur de défense.
Je la remerciai vivement de toutes les peines qu’elle avait prises, et je lui promis de chercher à utiliser toutes ses découvertes pour ses travaux de ménage. D’abord, avant d’aller me coucher, je pris une ou deux boulettes de cette terre glaise, et je les mis dans un feu ardent que nous avions allumé. Ma femme pansa nos chiens blessés, et ces vaillantes bêtes vinrent se coucher près du foyer, tandis que, nous confiant dans la vigilance de ces gardiens, nous allions goûter sous notre tente un repos dont nous avions tous besoin.
Au point du jour, je me réveillai ; mais j’avoue que je fus obligé de lutter un peu contre la paresse qui m’aurait retenu au lit. Pendant que tout le monde finissait ses préparatifs de départ, j’allai examiner mes deux échantillons de terre glaise. Le feu les avait durcis et presque vitrifiés mais il me sembla qu’ils étaient un peu diminués de volume. Je pensai cependant que l’on pouvait remédier à cet inconvénient à l’aide d’un bon fourneau. Ensuite, après la prière habituelle, nous déjeunâmes promptement et partîmes pour la caverne où nous avions laissé nos deux ours.