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le robinson suisse.

étions occupés avec ardeur à nos travaux divers. Du reste, nous étions loin d’avoir terminé tout ce que je voulais faire. Mes essais me réussissaient si bien, que j’étais encouragé à en tenter d’autres.

Je n’avais qu’une petite provision de terre de porcelaine, et je ne pouvais l’augmenter avant l’été suivant ; toutefois je résolus de l’utiliser. Je transformai donc notre grotte à sel en atelier de potier ; quelques tables et quelques planches en formaient le seul ameublement. Du reste, j’avais besoin de peu de choses en plus : ma roue de potier était toute trouvée, c’était celle d’un des canons du navire ; au-dessus, je plaçai une sorte de roue de travail sur laquelle on pouvait confectionner sans peine des vases de forme simple et régulière ; car on pense bien que nous n’avions pas la prétention d’élever nos productions à la hauteur d’œuvres d’art.

Pour commencer, je fabriquai quelques jattes destinées par notre ménagère à recueillir le lait : les calebasses ne le conservaient, trouvait-elle, ni assez frais, ni assez pur. Je mêlai à la terre un peu de talc que j’avais trouvé près de la grotte des Ours, et ce mélange donna à la porcelaine un brillant et une solidité qui firent que nos tasses, quoique bien simples de forme, avaient une blancheur qui plaisait à l’œil.

Parmi les richesses que nous avions retirées du navire se trouvait une petite caisse contenant des verroteries destinées aux échanges avec les sauvages. Je pris quelques-unes de ces perles, mi-parties noires mi-parties jaunes. Je les broyai avec un marteau, et, une fois en poudre, j’en fis une espèce de vernis. Ces paillettes, s’incrustant dans la porcelaine, donnèrent à nos produits un brillant qui leur manquait. Je continuai mes essais et les perfectionnai encore en prenant des perles plus fines et en mélangeant les couleurs. Mais le feu brisa plusieurs de mes échantillons ; cependant je parvins à confectionner cinq ou six tasses à thé avec leurs soucoupes, une douzaine d’assiettes et un sucrier. La terre de porcelaine me manqua pour continuer.