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le robinson suisse.

nos menaces le décidèrent à obéir. Le singe ne tarda pas à se tenir très-tranquille, tout en grimaçant de plus fort en plus fort.

« On nous prendrait, dis-je alors à Fritz, pour des gens qui mènent des bêtes curieuses à la foire. Que de cris de joie, que de bruyantes acclamations vont nous accueillir à notre retour !

fritz. — Jack surtout sera content, lui qui sait si bien faire des grimaces ! Il va trouver dans ce singe un parfait modèle à imiter et même à surpasser.

moi. — Mon enfant, sois un peu plus charitable envers tes frères. Pourquoi donc vois-tu si clair dans les défauts des autres, au lieu de suivre l’exemple de ton excellente mère, qui cherche toujours à les dissimuler ? Prends garde : cette habitude de critique et de raillerie pourrait avoir, plus tard, de funestes conséquences. »

Fritz promit de profiter à l’avenir de mon observation. Nous avancions toujours en causant, et ainsi nous arrivâmes à notre ruisseau. Bill nous salua de ses joyeux aboiements, auxquels Turc répondit aussitôt et avec tant de force, que le cavalier-singe, tout effrayé, sauta de dessus son dos sur l’épaule de Fritz, qu’il ne voulut plus quitter ; pour Turc, il prit les devants et nous annonça à la famille, qui vint à notre rencontre. Nous nous embrassâmes tous. « Un singe ! un singe ! criaient les trois enfants ; un singe en vie ! quel bonheur !

— Il a une mine bien drôle et bien laide, dit le petit François. Et ces roseaux ! et ces boules ! »

Quand le tumulte fut calmé : « Mes chers amis, dis-je. Dieu a béni notre voyage, et la seule chose que nous regrettions est de n’avoir pas vu la moindre trace de nos malheureux compagnons.

— Sachons nous conformer à la volonté de Dieu, répondit ma pauvre femme. Je l’ai prié avec ferveur pendant votre absence, qui m’a paru bien longue. Parlez-nous de votre