Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
le robinson suisse.

L’île de la Baleine avait eu son tour dans nos embellissements ; pourtant elle était toujours restée moins soignée, précisément parce que nous l’avions réservée pour être le théâtre de toutes nos opérations un peu malpropres et infectantes, telles que la préparation de la colle de poisson, de la chandelle, la fonte de la graisse, la tannerie. Nous avions établi notre atelier sous un rocher qui surplombait au-dessus de nos têtes, en sorte que nous pouvions aussi y travailler sans redouter les intempéries de l’air. Chacun de ces établissements était pour nous l’objet de soins spéciaux, sans nous faire négliger pourtant les constructions plus éloignées que nous appelions nos colonies. À Waldegg, par exemple, nous convertîmes les marécages environnants en un véritable champ de riz, dont la récolte nous paya amplement de nos peines. À Prospect-Hill, chaque année, à l’époque de la floraison des câpriers, nous faisions régulièrement une apparition pour recueillir les graines de cet arbre précieux, qui étaient ensuite confites dans notre vinaigre aromatique et conservées dans des bocaux. Vers le même temps nous récoltions les feuilles de thé, et cette opération se faisait avec le plus grand soin, afin qu’elles gardassent le plus possible l’arôme pénétrant qu’elles possédaient. Après les avoir laissées sécher, nous les conservions dans des vases de porcelaine solidement fermés, où elles restaient fraîches et odorantes.

À l’époque des cannes à sucre, nous arrivions à la plantation, et nous profitions de notre passage pour récolter en même temps notre millet sauvage, qui mûrissait vers le même temps, et qui nous servait à nourrir nos volailles. Toutes ces excursions se faisaient avec la chaloupe, que l’on pouvait charger aisément d’un lourd fardeau ; en outre, nous avions le plaisir d’aller en mer, et d’opérer en passant quelque descente à l’île de la Baleine ou à celle du Requin.

De Prospect-Hill, nous poussions ordinairement jusqu’au défilé de l’Écluse, pour reconnaître si nos fortifications res-