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le robinson suisse.

une couvée à soigner. Que deviendriez-vous si l’on tuait votre père ou votre mère ? La passion de la chasse ne doit pas vous rendre cruels ; il ne faut tuer que les animaux nuisibles à l’homme ou qui peuvent lui servir de nourriture. »

« Nous arrivâmes enfin dans le petit bois, où maître Ernest eut mille occasions de faire le savant : une foule d’oiseaux de toutes couleurs et au ramage varié semblèrent nous saluer à notre arrivée. Malgré les avis que j’avais donnés à mes fils quelques moments auparavant, ils avaient bien envie d’essayer leurs fusils. Je les en empêchai : les arbres sont si élevés en cet endroit, qu’à peine les balles auraient pu en atteindre le sommet. Jamais tu n’as vu d’arbres comme ceux-là. Leurs tiges, hautes et assez droites, semblent être soutenues en l’air, de tous côtés, par des racines ayant la forme d’arcs-boutants ; une autre racine, plus mince que le tronc et partant perpendiculairement de son pied, est le pivot et le centre de cet édifice végétal.

« Jack grimpa, non sans peine, le long d’un de ces arcs-boutants, et, avec une ficelle, il mesura la circonférence du tronc un peu au-dessus des racines : il trouva plus de trente pieds ; là où les racines entrent en terre, je mesurai, extérieurement, quarante pieds ou environ ; je pense qu’il faut compter cinquante pieds de distance des racines aux premières branches. Le feuillage ressemble assez à celui des noyers : il est épais et répand au loin son ombrage : aussi l’herbe qui croît aux alentours est fraîche et bien fournie ; point de ronces, point d’épines : on dirait un beau tapis vert. Nous choisîmes cette place pour déjeuner. Les provisions furent étalées sur le gazon ; l’eau d’un ruisseau voisin nous désaltéra. Les chiens, restés un peu en arrière, nous rejoignirent bientôt ; mais, au lieu de nous demander de la nourriture, nous les vîmes, avec surprise, se coucher tranquillement à nos pieds et bientôt s’endormir.

« Contente d’avoir découvert ces lieux si charmants, et ré-