pendaient des petites boules rondes de couleur verte. À la forme de la feuille et de ces petits fruits, je crus reconnaître, comme Ernest, la pomme de terre. Nous nous dirigeâmes vers le lieu où mon fils avait fait sa merveilleuse trouvaille. Grande fut notre joie à la vue d’un immense champ de pommes de terre, les unes en fleur, les autres déjà mûres.
Jack cherchait à rabaisser le mérite de son frère, et disait qu’il aurait pu découvrir les pommes de terre aussi bien que lui, s’il était allé du même côté.
« Pourquoi rabaisser le mérite de ton frère ? répliqua sa mère. Tu es très-étourdi, et tu aurais bien pu passer par ici sans même remarquer cette plante précieuse ; Ernest, au contraire, examine et observe tout avec soin et attention. »
Nous déterrâmes une grande quantité de pommes de terre, et, après les avoir mises dans nos gibecières, nous continuâmes notre route vers Zeltheim, malgré les réclamations de Jack, qui se plaignait d’être déjà un peu trop chargé.
« Mes enfants, dis-je, la découverte d’Ernest est pour nous d’un prix inestimable ; rendons-en grâces à Dieu ; cette nouvelle faveur de la Providence me rappelle à propos ce passage des saintes Écritures, où le Psalmiste « remercie le Seigneur d’avoir procuré de la nourriture à son peuple errant et mourant de faim au milieu du désert aride. »
Bientôt nous eûmes atteint la chaîne de rochers d’où tombait en cascade notre ruisseau, qui se répandait ensuite dans la prairie à travers de hautes herbes qu’il nous fallut traverser, non sans difficulté ; alors la mer se montra à notre droite, dans un horizon lointain ; les rochers, à notre gauche, étaient couverts de plantes les plus variées et les plus rares, plantes grasses, plantes épineuses : l’aloès aux girandoles blanches, la figue d’Inde aux larges feuilles, le cactier avec ses fleurs de pourpre, les jasmins jaunes et blancs, les vanilles odorantes, la serpentine aux rameaux souples et élancés, enfin l’ananas, le roi des fruits, dont nous