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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/102

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çons. L’esprit et le but de vos essais critiques sont pour moi un signe particulier des temps et me réjouissent fort. Bonne chance et puissiez-vous toucher bientôt le rivage en vainqueur ! C’est comme une nouvelle « Renaissance » à laquelle nous assistons maintenant ; nous voici sur le chemin d’une humanité nouvelle plus large, haute comme les étoiles éternelles, à moins que ce ne soit la mort définitive, le masque de l’Enfer à tout jamais ! ».

Assez, Sartor ! — Nous voyons ainsi que John Ruskin n’était pas le seul écrivain, au milieu du dernier siècle, qui fît usage d’un langage violent et se complut en sauvages vaticinations. Charlotte Brontë écrivait de son côté : « Les Pierres de Venise sont noblement agencées et finement ciselées. Quelle superbe carrière de marbres elles découvrent ! M. Ruskin me paraît un de ces rares écrivains de race qui se distinguent de nos autres faiseurs de livres ». Pensée juste et claire, bien digne de cette Jane Eyre qui savait si bien reconnaître, sous l’enveloppe extérieure, l’âme cachée.

En 1852, Ruskin fit un autre long séjour à Venise et, comme il l’écrivait alors au poète Rogers, les premiers enchantements commençaient à se dissiper ; il désirait même que la cité devint une ruine plutôt qu’une ville moderne a la française. Il continua cependant son livre, après avoir quitté