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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/119

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fresques de Giotto dans la Chapelle de l’Arena a Padoue. Ce charmant volume a été réimprimé avec des additions en 1890. Je ne connais, dans toute l’œuvre de Ruskin, rien de plus admirable et de plus utile que cette appréciation sympathique du merveilleux génie et de l’existence romanesque de Giotto, résumée dans ces notes si concises, si vivantes, si exactement historiques sur les compositions du peintre. Un des plus éminents services que Ruskin a rendu à la cause de l’art consiste dans cette appréciation si complète de l’œuvre de Giotto et de l’influence qu’il a exercée sur l’évolution de l’art florentin. Toujours véhément dans ses louanges, Ruskin n’a pourtant rien dit de trop sur Giotto. Giotto est l’un des rares artistes vis-à-vis desquels Ruskin — qui, dans sa longue carrière de quarante années de critique, changea si souvent d’opinions ou d’humeur — ne se soit jamais permis un mot de dénigrement. Il revient sans cesse à lui. Fors est plein de Giotto ; il le compare à Dante et, avec raison, car, de tous les peintres connus, aucun, si ce n’est Léonard et Michel-Ange, n’a donné de telles marques de puissance intellectuelle. Giotto est même étranger à cet esprit d’inquiétude morbide qui place en un monde à part ces deux puissantes natures. L’influence qu’il exerça sur sa génération et sur les suivantes fut bien plus grande et bien plus saine que celle de