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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/170

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qu’il voit dans les mythes — ou que plutôt il en tire de force — sont fantaisistes et sans autorité, mais ils sont toujours gracieux et suggestifs. Puis, au milieu d’une discussion tout esthétique sur la sculpture grecque il retombe perpétuellement dans l’économie politique, — le Capital, le Crime, le Travail, la Terre, la Législation, la Monnaie, la Valeur et la Richesse — et, enfin, quoique son sujet soit l’étude des mythes, il trouve moyen de parler de quelque chose comme de quatre-vingt-sept espèces de fleurs, d’une demi-douzaine d’animaux différents, et de plus d’une douzaine d’artistes modernes.

Son opinion définitive sur l’art grec est une preuve merveilleuse de son goût et de sa pénétration, surtout de la part d’un homme de cinquante ans, qui, toute sa vie, fut un dévot passionné de Fra Angelico, des cathédrales du Moyen Age, du Tintoret et de Turner. Les mérites de l’art grec, dit-il, sont : « Un savoir solide, — des buts simples — une habileté consommée — une brillante faculté d’invention, un bon sens robuste, une intention vraie et sage et, par dessus tout, du sang-froid, un calme qui ne se dément jamais. » Ce qui caractérise l’art grec c’est la raison, plutôt que la beauté. Tout ce à quoi il aspire, il le fait, et tout ce qu’il fait, il le fait bien. La contrainte qu’il s’impose est merveilleuse, il a la paix du cœur et il