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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/206

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toujours regardé comme sa mission propre d’attaquer et de ridiculiser la science moderne, au moins la forme moderne de l’enseignement scientifique, et cela au nom de la morale, de l’art et de la religion réunis. C’était, chez lui, d’un côté, l’antipathie de tout philosophe synthétique pour la spécialisation pédantesque du moment, d’un autre côté c’était l’espèce d’horreur religieuse que lui inspiraient les idées matérialistes et évolutionnistes telles qu’il les comprenait dans les ouvrages de Darwin, d’Herbert Spencer, du professeur Huxley et du Dr Haeckel mais c’était surtout cette tournure d’esprit qui faisait dénoncer Abélard par Saint Bernard et qui déterminait l’Inquisition à persécuter Giordano Bruno et Galilée. La proposition d’établir à Oxford un laboratoire de physiologie où il pressentait la pratique de la vivisection, provoqua en lui une violente indignation et quand elle fut votée, au mois de décembre 1884, il se retira brusquement et quitta définitivement Oxford.

Les six leçons de 1883 réunies sous le titre de l’Art d’Angleterre sont, à plusieurs points de vue, les plus étroitement consacrées à la critique de l’art et des artistes et les moins surchargées de morale sociale. Elles forment une sorte de continuation des Modern Painters et elles se distinguent par les mêmes admirations passionnées et les mêmes