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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/235

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bler à un cauchemar horrible ou grotesque ; mais ces épreuves furent pour d’autres le seul moyen qu’ils eurent d’apprendre à le connaître et à l’aimer davantage. Même, au cours de ces tristes années, il y eut plusieurs périodes de santé au moins relative. En 1888, Ruskin, alors dans sa soixante-dixième année, fit son dernier voyage sur le continent, mais il ne lui procura pas les mêmes effets vivifiants que celui de 1882. Désormais, ses heures les meilleures furent des heures de faiblesse et de dépression et il regagna Brantwood, dans les derniers jours de l’année, mortellement las, pour attendre la fin. »

C’est ainsi que, onze ans plus tard, à peu près un an avant sa mort, je le vis dans sa paisible demeure de Brantwood — semblable au Roi Lear dans la dernière scène, mais reposé, aimable et heureux, respirant avec délices l’air de la campagne, se mêlant par intervalles aux jeux et aux lectures de la famille, mais le plus souvent, restant assis dans sa bibliothèque, occupé à tourner lentement les pages de quelque poème, d’un roman de Walter Scott ou de Dickens, d’un album de paysages, dans une retraite ombragée de roses et de fleurs éclatantes, fixant sur les collines bleues de Coniston, par dessus le lac doucement ridé, de longs regards silencieux, des regards chargés de