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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/288

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et de sa passion sans espoir pour Adèle, qui a déjà été contée. Rien de plus délicieux que l’histoire d’Anne, sa vieille bonne, qui avait « un don naturel pour exécuter les corvées désagréables, particulièrement le service d’une chambre de malade, si bien qu’elle n’était dans toute sa gloire que lorsque quelqu’un de la maison gardait le lit ». Elle était également douée d’une façon surprenante pour dire des choses désagréables et pour les prendre tout de suite par leur plus mauvais côté avant de chercher à les arranger, si bien que la vieille Mme Ruskin soutenait gravement que si jamais une femme en ce monde avait été possédée du Diable, cette femme était Anne. Et comme portrait du même genre, rappelons-nous celui de la vieille Mause, le prototype de Mause Headrigg, qui grondait quand elle voyait jeter des miettes de pain par la fenêtre et qui était capable de dîner avec des pelures de pommes de terre pour donner son propre dîner à un pauvre. Le petit John retrouvait en elle le vieil esprit du puritain écossais dans toute la perfection de sa foi et de sa force de volonté et lui accordait « le respect et l’honneur qu’il mérite ».

Quel charme savoureux dans tous les récits de voyages en Angleterre et sur le continent et dans la description des voitures de poste ! C’est d’abord la vieille patache avec son siège de derrière pour la