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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/91

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M. Jacques Bardoux, dans son excellent livre sur Ruskin, insiste sur ce fait que ses principaux ouvrages sur l’art sont ceux qui traitent de l’Architecture et que les Sept Lampes et les Pierres de Venise sont les plus importants. Cela est vrai si on les considère au point de vue de son enseignement esthétique. Il semble bien que, en dépit de toutes leurs hérésies et de leur caractère irréalisable, les Sept Lampes ont eu plus de retentissement et d’effet pratique sur notre vie moderne que n’importe quel autre de ses livres. On ne doit pas oublier à quel point il est animé de ferveur morale et sociale, comment il veut que l’art ne trouve son droit à l’existence que dans la loi morale, et avec quel sentiment profond il excite chez l’artiste les considérations de devoir et d’humanité. L’évangile des Sept Lampes n’est point, en somme, prêché pour propager les vertus des entrelacs gothiques ou des arcades vénitiennes ; son but est, avant tout, la moralisation et la socialisation de tout art et spécialement de l’art de construire, celui de tous, en vérité, qui affecte le plus sérieusement et le plus constamment, la vie de l’homme sous le rapport domestique, social, politique et religieux.

Ce furent les études et les méditations qui ont pris corps dans les Sept Lampes qui amenèrent, pour la première fois, John Ruskin à passer des