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Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/117

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normal, ils s’élèvent pour ainsi dire au-dessus d’eux-mêmes et font aisément des choses dont ils auraient été tout à fait incapables à d’autres moments. Mais cette excitation sublime n’est pas, excepté dans les constitutions faibles, un simple éclair qui s’éteint aussitôt sans laisser de trace durable et ne peut s’appliquer à la poursuite constante et ferme d’un objet. C’est le propre du tempérament nerveux d’être capable d’une excitation soutenue pendant une longue durée d’efforts. C’est ce qui fait qu’un cheval de race bien dressé court sans se ralentir jusqu’à tomber mort. Cela s’appelle avoir du sang. C’est cette qualité qui a rendu des femmes délicates capables de manifester la plus sublime constance non seulement sur le bûcher, mais à travers les longues tortures d’esprit et de corps qui ont précédé leur supplice. Il est évident que les gens de ce tempérament sont particulièrement propres à remplir des fonctions exclusives dans le gouvernement de l’humanité. C’est la constitution essentielle des grands orateurs, des grands prédicateurs, de tous les émouvants propagateurs des influences morales. On pourrait la croire moins favorable aux qualités acquises d’un homme d’état, de cabinet, ou d’un juge. Il en serait ainsi, s’il était vrai qu’une personne excitable doive toujours être dans un état d’excitation. C’est là une question d’éducation. Une sensibilité intense est l’ins-