Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/126

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du haut de leur grandeur avec un mépris à peine déguisé. Qu’elles cherchent dans la matière ou dans l’esprit l’origine de ce qui distingue principalement un être humain d’un autre, ces écoles s’accordent pour écraser ceux qui veulent expliquer ces différences par les relations différentes de ces êtres dans la société et dans la vie.

Les idées qu’on s’est formé de la nature des femmes sur de simples généralisations empiriques construites sans esprit philosophique et sans analyse, avec les premiers cas venus, sont si peu sérieuses, que l’idée admise dans un pays diffère de celle d’un autre ; elles varient suivant que les circonstances propres à un pays ont donné aux femmes qui y vivent des occasions de se développer ou de ne pas se développer dans un sens. Les Orientaux croient que les femmes sont par nature singulièrement voluptueuses ; un Anglais croit d’ordinaire qu’elles sont naturellement froides. Les proverbes sur l’inconstance des femmes sont surtout d’origine française ; il s’en est fait avant et après le fameux distique de François Ier. On remarque communément en Angleterre que les femmes sont beaucoup plus constantes que les hommes. L’inconstance a été considérée comme plus déshonorante pour une femme depuis plus longtemps en Angleterre qu’en France, et les Anglaises sont bien plus soumises