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Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/139

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au quinzième siècle les peintres italiens étaient les hommes les plus accomplis de leur temps. Les plus grands possédaient des connaissances encyclopédiques et excellaient dans tous les genres de production, comme les grands hommes de la Grèce. À cette époque les beaux-arts étaient aux yeux des hommes presque la plus noble chose où un homme pût exceller ; les beaux-arts donnaient alors les distinctions qu’on n’acquiert aujourd’hui que par la politique ou la guerre ; par eux on gagnait l’amitié des princes, et l’on se mettait sur le pied d’égalité avec la plus haute noblesse. Aujourd’hui les hommes de la première valeur trouvent à faire quelque chose de plus important, pour leur propre renommée et les besoins du monde moderne, que la peinture, et on ne trouve guère rarement un Reynolds ou un Turner (dont je ne prétends pas déterminer le rang parmi les hommes éminents) qui s’adonnent à cet art. La musique est d’un ordre tout différent, elle n’exige pas la même puissance d’esprit, et semble dépendre davantage d’un don naturel ; aussi peut-on s’étonner que nul des grands compositeurs n’ait été une femme ; mais pourtant ce don naturel ne rend pas capable de grandes créations sans des études qui absorbent toute la vie. Les seuls pays qui aient produit des compositeurs de premier ordre dans le sexe masculin même sont l’Allemagne