Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/141

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assez riche pour abandonner ce soin à un domestique et supporter le gaspillage et les malversations inséparables de ce mode d’administration. La direction d’un ménage, lors même qu’elle n’exige pas beaucoup de travail, est extrêmement lourde pour l’esprit ; elle réclame une vigilance incessante, un œil auquel rien n’échappe, et présente à toute heure du jour à examiner et à résoudre des questions prévues ou imprévues que la personne responsable peut difficilement bannir de son esprit. Quand une femme appartient à un rang, ou se trouve dans un état qui lui permet de se soustraire à ces obligations, il lui reste encore à diriger tous les rapports de la famille avec ce qu’on appelle la société. Moins les premiers devoirs lui prennent de temps, plus les autres en absorbent ; ce sont les dîners, les concerts, les soirées, les visites, la correspondance et tout ce qui s’ensuit. Tout ceci est en sus du devoir suprême que la société impose aux femmes avant tout, celui de se rendre charmantes. Dans les rangs élevés de la société, une femme distinguée trouve presque l’emploi de tout son esprit à cultiver les grâces de ses manières et l’art de la conversation. En outre, en regardant ces obligations à un autre point de vue, l’effort intense et prolongé de pensée que toutes les femmes qui tiennent à se bien mettre consacrent à leur toilette (je ne parle pas de