Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/146

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blables est aussi fort chez la femme que chez l’homme, mais la société a arrangé les choses de sorte que la femme ne peut, dans les cas ordinaires, arriver à la considération que par celle de son mari ou de ses parents du sexe masculin, et la femme s’expose à la perdre quand elle se met personnellement en vue, ou se montre dans un autre rôle que celui d’accessoire de l’homme. Quiconque est le moins du monde capable d’apprécier l’influence qu’exercent sur l’esprit d’une personne sa position dans la famille et dans la société et toutes les habitudes de la vie, doit y trouver sans peine l’explication de presque toutes les différences apparentes entre les femmes et les hommes, en y comprenant celles qui supposent une faiblesse quelconque.

Les différences morales, si par ce mot on entend celles qui tiennent aux facultés affectives pour les distinguer des intellectuelles, sont, selon l’opinion générale, à l’avantage des femmes. On affirme qu’elles valent mieux que les hommes ; vaine formule de politesse qui doit appeler un sourire amer sur les lèvres de toute femme de cœur, puisque sa situation est la seule au monde où l’on considère comme naturel et convenable un ordre de choses qui asservit le meilleur au pire. Si ces sottises sont bonnes à quelque chose, c’est à montrer que les hommes reconnaissent l’influence corruptive