Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui lui serait imposée de mériter le premier rang avant de l’obtenir. Ce grand accroissement du pouvoir intellectuel de l’espèce, et de la somme d’intelligence disponible pour la bonne gestion des affaires, rajusterait en partie de l’éducation meilleure et plus complète des facultés intellectuelles des femmes qu’on perfectionnerait pari passu avec celles de l’homme ; ce qui rendrait les femmes aussi capables de comprendre les affaires, la politique, et les hautes questions de philosophie, que les hommes de la même position sociale. Alors le petit nombre de personnes qui composent l’élite des deux sexes, et qui sont capables non seulement de comprendre les actes et les pensées d’autrui, mais de penser et de faire par elles-mêmes quelque chose de considérable, pourraient facilement perfectionner et dresser leurs aptitudes dans un sexe comme dans l’autre. L’extension de la sphère d’activité des femmes aurait l’heureux résultat d’élever leur éducation au niveau de celle de l’homme, et de les faire participer à tous ses progrès. Mais, indépendamment de cela, le seul abaissement de la barrière serait par lui-même un enseignement de la plus haute valeur. Ne fît-on que rejeter l’idée que les plus hauts sujets de pensée et d’action, que tout ce qui est d’intérêt général et non uniquement d’intérêt privé est l’affaire de l’homme, qu’il faut en détourner les femmes, leur en interdire