Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/163

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qualités de l’homme non cultivées chez les femmes, et qu’elles avaient par conséquent besoin de trouver chez leurs protecteurs. Le courage et les vertus militaires ont de tout temps trouvé un aliment dans le désir que les hommes éprouvent d’être admirés par les femmes ; l’influence de ce stimulant s’est exercée même en dehors de cette classe de qualités éminentes, puisque, par un effet très naturel de la position secondaire des femmes, le meilleur moyen de s’en faire admirer et de leur plaire a été d’occuper un rang élevé dans la considération des hommes. De l’action combinée de ces deux espèces d’influence des femmes est né l’esprit de chevalerie, dont le caractère était d’unir le type le plus élevé des qualités guerrières à des vertus d’un genre tout différent, la douceur, la générosité, l’abnégation personnelle à l’égard des classes non militaires, et en général sans défense, une soumission spéciale à la femme et un culte pour son sexe qui se distinguait de toutes les autres classes d’êtres faibles par la haute récompense que la femme pouvait accorder volontairement à ceux qui s’efforçaient de mériter sa faveur : au lieu de la contraindre par la violence à l’obéissance. La chevalerie, il est vrai, resta misérablement bien loin de son type idéal, plus encore que la pratique ne reste d’ordinaire en arrière de la théorie ; c’est pourtant un des