Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/17

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de pouvoir arbitraire, et plus susceptible qu’aucun autre de révolter les sentiments des gens qui n’y avaient pas un intérêt personnel, était, des personnes encore vivantes s’en souviennent, consacré par la loi de l’Angleterre civilisée et chrétienne. Dans une moitié de l’Amérique anglo-saxonne, l’esclavage existait encore il y a trois ou quatre ans, et de plus on y faisait généralement le commerce et l’élevage des esclaves. Et pourtant, non seulement les sentiments hostiles à cet abus de la force, étaient plus vifs, mais, du moins en Angleterre, les sentiments ou les intérêts qui le soutenaient étaient plus faibles que pour tout autre abus, car si le maintien de l’esclavage avait pour lui l’amour du gain étalé sans pudeur et sans déguisement par la petite fraction de la nation qui en profitait, par contre, les sentiments naturels de ceux qui n’y étaient pas intéressés personnellement révélaient une horreur profonde. Après ce monstrueux abus il est inutile d’en citer un autre : voyez pourtant la longue durée de la monarchie absolue. En Angleterre, on est unanimement convaincu que le despotisme militaire n’est qu’une forme de la loi de la force, et n’a pas d’autre titre. Cependant, chez toutes les autres grandes nations de l’Europe, il existe encore, ou cesse à peine d’exister, et conserve un grand parti dans la nation et surtout dans les classes élevées. Telle