Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/175

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tudes, s’ils ont des opinions, et s’ils tiennent en politique une conduite, que n’admettent pas ceux qui donnent le ton à la société, cela suffit, c’est pour eux un motif d’exclusion. Bien des femmes se flattent, neuf fois sur dix tout à fait à tort, que rien ne les empêche, elles ni leur mari, de pénétrer dans la plus haute société de l’endroit, où des personnes qu’elles connaissent bien et de la même classe qu’elles se mêlent facilement ; mais par malheur leurs maris appartiennent à une église dissidente, ou ont la réputation de tremper dans la politique radicale qu’on veut flétrir en l’appelant démagogique. C’est cela, pensent-elles, qui empêche leurs fils d’obtenir une place, ou de l’avancement dans l’armée ; leurs filles, de trouver de bons partis ; elles-mêmes et leurs maris de recevoir des invitations, peut-être de se voir conférer des titres, car elles ne voient pas ce qui les en rendrait plus indignes que d’autres. Avec une telle influence dans chaque maison, qu’elle s’exerce ouvertement, ou qu’elle agisse avec d’autant plus de puissance qu’elle s’avoue moins, faut-il s’étonner qu’on s’attarde dans cette médiocrité du comme il faut qui devient le caractère saillant des temps modernes ?

Il y a un autre côté très fâcheux où il vaut la peine d’étudier l’effet produit, non pas directement par les incapacités de la femme,