Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/193

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ou des femmes mariées de quarante ou cinquante ans, qui pourraient avec des études convenables utiliser, sur un plus grand théâtre, l’expérience et le talent de gouvernement qu’elles ont acquis dans leur famille. Il n’y a pas de pays en Europe où les hommes les plus capables n’aient éprouvé fréquemment et apprécié grandement la valeur des avis et de l’aide des femmes du monde intelligentes et expérimentées, pour arriver au succès dans les affaires privées ou publiques. Il y a même des questions importantes d’administration pour lesquelles peu d’hommes ont autant de capacité que certaines femmes, entre autres la direction du courant des dépenses. Mais ce dont nous nous occupons à présent, ce n’est pas le besoin que la société a des services des femmes dans les affaires publiques, c’est la vie terne et sans but à laquelle elle les condamne si souvent, en leur défendant d’exercer les talents que beaucoup d’entre elles se sentent pour les affaires, dans un champ plus vaste que celui d’aujourd’hui, champ qui n’a jamais été ouvert qu’à quelques-unes, et ne l’est plus à d’autres. Si quelque chose a une importance vitale pour le bonheur des hommes c’est qu’il leur soit possible d’aimer leur carrière. Cette condition d’une vie heureuse est imparfaitement garantie ou refusée complètement à une grande partie de l’humanité, et, faute de cette condition, bien des vies