Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/195

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frances deviendront plus fréquentes à mesure que l’accroissement de l’instruction créera une disproportion de plus en plus grande entre les idées et les facultés des femmes et le but que la société reconnaît à leur activité. Quand nous considérons le mal positif causé à une moitié de l’espèce humaine par l’incapacité qui la frappe, d’abord la perte de ce qu’il y a de plus noble et de pleinement satisfaisant dans le bonheur personnel, et ensuite le dégoût, la déception, le mécontentement de la vie qui en prennent souvent la place, nous sentons que de tout ce que les hommes ont besoin de faire pour lutter contre les misères inévitables de leur lot sur la terre, rien n’est plus urgent que d’apprendre à ne pas ajouter aux maux que la nature leur fait subir, pour donner satisfaction à des sentiments de jalousie et à des préjugés, en restreignant mutuellement leur liberté. Nos vaines craintes ne font que substituer aux maux que nous redoutons sans raison, d’autres maux et de pires, tandis qu’en restreignant la liberté d’un de nos semblables pour d’autres motifs que pour lui demander compte des maux réels qu’il a causés en s’en servant, nous tarissons d’autant la source principale où les hommes puisent le bonheur, et nous appauvrissons l’humanité en lui ravissant les plus inestimables des biens qui rendent la vie précieuse à ses membres.


FIN