Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/26

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noblesse l’avait déjà ; mais les communes n’en montraient pas d’autre que de se soustraire aux impôts arbitraires et à l’oppression brutale des officiers royaux. C’est une loi politique naturelle que ceux qui subissent un pouvoir d’origine ancienne ne commencent jamais à se plaindre du pouvoir lui-même, mais seulement de ce qu’on l’exerce d’une manière oppressive. Il y a toujours eu des femmes pour se plaindre des mauvais traitements de leurs maris. Il y en aurait eu bien davantage, si la plainte n’était pas la plus grave des provocations qui appellent un redoublement de mauvais traitements. On ne peut à la fois maintenir le pouvoir du mari et protéger la femme contre ses abus ; tous les efforts sont inutiles : voici ce qui les déjoue. Il n’y a que la femme qui, les enfants exceptés, après avoir prouvé devant des juges qu’elle a souffert une injustice, soit replacée sous la main du coupable. Aussi les femmes n’osent-elles guère, même après les mauvais traitements les plus odieux et les plus prolongés, se prévaloir des lois faites pour les protéger, et si, dans l’excès de leur indignation, ou cédant à des conseils, elles y recourent, elles ne tardent pas à faire tout pour ne dévoiler que le moins possible de leurs misères, pour intercéder en faveur de leur tyran, et lui éviter le châtiment qu’il a mérité.

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