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Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/43

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et intellectuel. Personne jusqu’à présent ne possède cette science ; car il n’y a guère de sujet qu’on ait moins étudié, eu égard à son importance, aussi personne n’a-t-il le droit d’avoir là-dessus une opinion positive. Tout ce qui nous est permis, c’est de faire des conjectures plus ou moins probables, plus ou moins légitimes, suivant la connaissance que nous avons des applications de la psychologie à la formation du caractère.

Si, laissant les origines des différences, nous demandons ce qu’elles sont, on nous apprend fort peu de chose. Les médecins et les physiologistes ont constaté jusqu’à un certain point des différences dans la constitution du corps, et c’est là un fait important pour un psychologiste, mais il est rare de trouver un médecin qui soit psychologiste. Leurs observations sur les caractères mentaux de la femme n’ont pas plus de valeur que celles du commun des hommes. C’est un point sur lequel on ne saura rien de définitif, tant que les personnes qui seules peuvent le connaître, les femmes elles-mêmes, ne donneront que d’insignifiants renseignements, et, qui pis est, des renseignements subornés. Il est facile de connaître une femme stupide ; la stupidité est la même partout. On peut induire les sentiments et les idées d’une femme stupide quand on connaît les sentiments et les idées qui prévalent dans le cercle où