Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/7

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démonstration est la partie la plus facile de ma tâche.

Quand une coutume est générale, il y a souvent de fortes présomptions pour croire qu’elle tend, ou au moins qu’elle a tendu jadis à des fins louables. Telles sont les coutumes qui ont été adoptées d’abord, ou qui se sont conservées par la suite, parce qu’elles étaient un sûr moyen d’atteindre des fins louables, et le résultat incontesté de l’expérience. Si l’autorité de l’homme au moment de son établissement a été le résultat d’une comparaison consciencieuse des divers moyens de constituer la société ; si c’est après l’essai des divers modes d’organisation sociale, le gouvernement de l’homme par la femme, l’égalité des sexes, ou bien telle ou telle forme mixte qu’on ait pu imaginer, et seulement après, qu’on a décidé sur le témoignage de l’expérience que la forme de gouvernement qui conduit le plus sûrement au bonheur des deux sexes est celle qui soumet absolument la femme à l’homme, ne lui laisse aucune part dans les affaires publiques, et l’astreint, dans la vie privée, au nom de la loi, à obéir à l’homme auquel elle a uni sa destinée ; si les choses se sont passées ainsi, il faut voir dans l’adoption générale de cette forme de société la preuve qu’au moment où elle fut mise en pratique elle était la meilleure. Mais on peut penser aussi que les considé-