Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sément parce que le Christianisme n’a pas fait cela, qu’il a été la religion de la partie progressive de l’humanité, et que l’Islamisme, le Brahmanisme et les religions analogues ont été celles de la partie stationnaire ou plutôt de la partie rétrograde, car il n’y a pas de société réellement stationnaire. Il y a toujours eu à toutes les époques du Christianisme beaucoup de gens pour essayer d’en faire quelque chose qui ressemblât à ces religions immobiles, de faire des chrétiens quelque chose comme des musulmans avec la Bible pour Koran ; ces gens ont possédé un grand pouvoir et beaucoup d’hommes ont dû sacrifier leur vie pour leur résister ; mais on leur a résisté, et la résistance nous a faits ce que nous sommes, et nous fera ce que nous devons être.

Après ce que nous avons dit sur l’obligation de l’obéissance, il est à peu près superflu de rien ajouter sur le point secondaire de cette grande question, sur le droit qu’a la femme de disposer de son bien. Je n’ai pas l’espérance que cet écrit fasse quelque impression sur ceux à qui il faudrait démontrer que les biens dont une femme hérite, ou qui sont le fruit de son travail, doivent lui appartenir après son mariage, comme ils lui auraient appartenu auparavant. La règle à poser est simple ; tout ce qui appartiendrait au mari ou à la femme, s’ils n’étaient pas mariés, restera sous leur direc-