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Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/23

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moment, était rentré une heure après et avait découvert, dans la salle à manger, le cadavre déjà froid de son maître. Quant au cul-de-jatte, il avait disparu. Telle était la relation que faisait du crime un journal du matin. Je l’avais lue avec la plus vive curiosité. Je courus chez Lautrec ; celui-ci venait de partir : il était sur le lieu du crime, me dit son groom.

Deux heures après je repassai chez lui. Le détective était rentré. Il était dans son cabinet de travail où je le trouvai plongé dans ses réflexions. Il avait disposé sur son bureau différents objets : morceaux de bois, clefs, papiers divers…

— Et le crime d’hier ?… questionnai-je.

— Mystérieux ! mystérieux ! dit mon ami. Voici le drame en un mot. M. Frédéric Cazères habitait sa petite maison de la banlieue depuis plus de dix ans. Il était rentier. Homme rangé, dit-on. Il voyageait un peu. Il était célibataire et n’avait pour le servir qu’un vieux domestique dont l’honnêteté est proverbiale. Il était charitable et recevait chez lui notre fameux cul-de-jatte. Il le faisait entrer, lui donnait à boire et à manger, s’entretenait même familièrement avec lui, à ce que déclare son domestique, et avant son départ, il lui donnait quelques pièces d’argent.

On ne lui connaissait aucun ennemi. Vous avez lu le récit du crime dans les journaux ; il est exact.

J’ai étudié les lieux et j’ai pu reconstituer le meurtre. Le cul-de-jatte est entré, aidé par M. Cazères. Les deux hommes ont parlé ensemble dix minutes environ. Grâce aux traces qu’ils ont laissées, j’ai pu lire l’histoire du crime comme dans un livre ouvert. Mais, premier fait étrange, le cul-de-jatte a quitté