Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/43

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— Ne mentez pas !

— Je ne mens pas.

— C’est ce que nous allons voir, M. le comte César de Riva ! s’écria Lautrec en insistant sur les derniers mots, espérant donner le coup de grâce qui désarçonnerait son adversaire.

Mais, contre toute attente, celui-ci ne broncha pas.

« Un rude et adroit adversaire, se dit le détective, c’est bien ce que je pensais. Mais je vais le démasquer. »

— Enlevez donc votre fausse barbe, M. le comte de Riva, si vous ne voulez que je vous l’arrache ! ajouta-t-il, menaçant.

L’homme ne répondit pas. Il regardait le détective avec les yeux égarés de quelqu’un qui se croit le jouet d’un cauchemar terrible.

Lautrec s’impatienta : il saisit la barbe de l’homme et la tira avec force en criant :

— Je vous l’enlèverai bien, moi.

La barbe résistait et le détective tirait si fortement qu’il emportait la tête. Le patient poussait des cris de douleur qui ne laissaient aucun doute sur la sincérité de ses sensations.

Enfin, il fallut bien que Lautrec se rendît à l’évidence : il lâcha sa victime en disant d’un air souverainement déçu :

— C’est extraordinaire ! Cette barbe est une barbe naturelle !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il y eut un moment où le tragique le disputa au comique. L’étonnement avait un instant désarçonné Lautrec lui-même. Le détective ressaisit les rênes de sa raison qui se cabrait devant l’invraisemblance de sa découverte. Tout d’abord, il avait vu le cadavre vivant du noyé de la Morgue. Première