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mémoire sur l’atlantide.

Examinons maintenant, par le moyen de l’aspect et de la configuration du pays, la communication que l’antiquité soupçonnait avoir existé entre cette mer et notre Méditerranée. Le voyageur Della Cella, parvenu au fond du golfe de la grande Syrie, par 30° 7′ 10″ de latitude nord, n’aperçut au loin aucune trace de montagnes qui, en correspondant avec les monts Ghoriam et Terhouah (c’est ainsi que s’appelle l’Atlas à Tripoli) eussent pu réunir le plateau de l’Atlas au plateau oriental de Barcah. « J’observai pendant notre route, dit-il, si dans l’horizon il ne s’élevait pas quelque chaîne de montagnes qui se joignit à des rameaux de l’Atlas, et si, dans cette supposition, ceux-ci se prolongeraient jusque dans la Cyrénaïque, où s’ils aboutiraient seulement à la hauteur du golfe Syrtique ; mais je ne sus rien découvrir qui pût confirmer cette hypothèse[1]. » C’est sans doute de ce canton que parle Salluste, quand, décrivant les limites des Carthaginois et des Cyrénéens, il dit : « Entre les deux États, il était une plaine sablonneuse et uniforme, sans fleuve et sans montagne qui pût servir à en former des limites. Ce fut la source d’une guerre longue et sanglante. Ager in medio arenosus, una specie ; neque flumen, neque mons erat, qui fines eorum discerneret. Quæ res eos in magno diuturnoque bello inter se habuit[2]. »

Horneman, dans son Voyage d’Égypte au Fezzan, traversant le désert à peu près vers le méridien cité plus haut, fit une observation analogue à celle du voyageur précédent. « Nous trouvâmes, dit-il, en descendant du plateau, la route escarpée et difficile… Parvenu à la base de la montagne, je trouvai un morceau de bois pétrifié. Dans la plaine, à quelque distance, se voyaient de grosses pierres, ou plutôt des

  1. Voyage dans le royaume de Barcah, traduit par Pezant, p. 116.
  2. Guerre de Jugurtha.