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de la bresse et des dombes.

Vers le XIe siècle, nos souverains défendirent aux possesseurs de fiefs d’avoir des tours sur leurs châteaux et maisons fortes, droit qu’ils réservèrent aux seigneurs suzerains. Cette défense fût assez longtemps observée. Ceux qui construisirent alors des châteaux ou maisons seigneuriales ne pouvant les surmonter de tours, établirent ces tours dans le voisinage. Mais bientôt, ajoute notre auteur, cette observance tomba en désuétude, chaque petit seigneur voulant avoir des tours sur son manoir, et même les abbayes et les monastères.

Ces poypes ou tours d’observation ne sont pas tellement propres à nos pays, qu’on n’en trouve aussi dans d’autres contrées. Les îles Baléares, l’île de Minorque surtout[1], renferment plusieurs de ces tertres artificiels ; ils sont composés de pierres brutes placées sans ciment et comme au hasard les unes au dessus des autres. Leur origine est évidemment carthaginoise (car les Carthaginois ont occupé longtemps ces îles). Les habitants leur donnent un nom qui montre encore leur ancienne destination. Ils les appellent atalaya[2], mot arabe qui veut dire lieu d’observation et de découverte.

Enfin, jusqu’en Amérique, dans l’ancien empire des Incas, nous voyons établi cet usage des tertres artificiels près des châteaux et des demeures des princes et des rois. Sous l’équateur, entre Latacunga et Quito, on découvre les restes d’un palais des anciens Incas du pays, et, à cinquante toises, cent mètres vers le nord, on voit une colline en forme de pain de sucre, si régulière qu’on ne peut s’empêcher d’y reconnaître le travail de l’homme. « Cette colline, nous dit Don Juan d’Ulloa, celui qui, avant M. de Humbolt, nous avait le mieux fait connaître l’Amérique Espagnole[3], cette colline ne

  1. Armstrong. Histoire de Minorque, chap. 15. Grasset Saint-Sauveur, Voyage aux îles Baléares, p. 346.
  2. Voyez Cambry, Monuments celtiques, vocabulaire étymologique.
  3. Voyages en Amérique, etc. t. III, p. 287.