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mémoire sur l’atlantide

initié ; que la déesse Cérés est l’emblème de l’Église élysienne ; que l’Élysée est le berceau des arts, des sciences, de la mythologie ; que les Élyséens nommés aussi, sous d’autres rapports, Atlantes, Hyperboréens, Cimmériens, etc., ont civilisé les anciens peuples, y compris les Égyptiens et les Grecs ; que les Dieux de la fable ne sont que les emblèmes des institutions sociales de l’Élysée ; que la voûte céleste est le tableau de ces institutions et de la philosophie des législateurs Atlantes ; que l’aigle céleste est l’emblème des fondateurs de la nation gauloise, que les poètes Homère et Hésiode sont originaires de la Belgique, etc., etc. »

Ne croirait-on pas, en lisant ce long titre d’ouvrage, entendre le père Hardouin renouveler ses doctes rêveries ? Pourrait-on penser que l’auteur d’une opinion si absurde ait pu trouver quelqu’un pour la défendre et la soutenir ? Cependant une pareille thèse a été soutenue vers le même temps par un antiquaire anglais, le docteur Davies, dans ses Recherches celtiques.

Eurénius, compatriote de Rudbeck, dans son Atlantica orientalis, présente un système tout différent. Il prétend trouver l’Atlantide dans la Palestine. Ce système a été suivi par Baër, théologien de Strasbourg. L’un et l’autre appuient particulièrement leur opinion sur les rapports étymologiques qu’ils prétendent exister entre les noms des premiers héros des Atlantes et les noms des enfants de Jacob. Mais ces rapports sont évidemment forcés et arbitraires, et la saine critique les rejette. Ensuite, la Palestine est bien loin d’offrir toutes les qualités que demande le récit de Platon. Jamais Platon n’aurait appelé une île, un pays si rapproché de la Grèce, pays que les Phéniciens, les Tyriens avaient fait connaître depuis longtemps, et dans lequel les Grecs eux-mêmes avaient placé la scène de plusieurs de leurs faits mythologiques[1]. Son

  1. Telle que l’histoire d’Andromède, à Joppé, et celle d’Adonis.