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mémoire sur l’atlantide

Numides, au témoignage d’Hérodote[1], rendaient de grands honneurs à Neptune, et ils le reconnaissaient comme le fondateur de leur nation. Les Maures ou Maurusiens rendaient aussi à Neptune des honneurs particuliers. Ces peuples divers dont nous parlons avaient une langue et un alphabet national qu’ils conservèrent longtemps, malgré les immigrations des Phéniciens et l’empire puissant que les Carthaginois établirent dans leur contrée, langue et alphabet qui étaient probablement les mêmes que ceux qu’ils avaient reçus de leurs ancêtres. Encore maintenant toutes ces nations, qui, sous le nom général de Berbers, occupent tout le nord de l’Afrique, depuis la mer Rouge jusqu’à l’Atlantique, offrent dans leurs langues des rapports de conformité bien frappants, et qui semblent nous confirmer qu’ils descendent tous d’un même peuple primitif[2]. Il est fâcheux qu’on n’ait pas pu faire une étude plus approfondie des mœurs de toutes ces diverses nations ; on y aurait sans doute remarqué des points de ressemblance qui auraient accusé d’une manière encore plus plausible leur commune origine.

Mais de toutes ces nations, celle qui a plus particulièrement gardé des traces de son origine, c’est celle des Guanches, anciens habitants des îles Canaries. Séparés du reste du monde par le bouleversement terrible qui a détruit l’Atlantide, entourés de tous côtés par une vaste mer, peu exposés par là aux invasions et aux immigrations des peuples, ils ont dû conserver plus longtemps les mœurs et les usages qui distinguaient les Atlantes, et qui devaient avoir tant de conformité, comme nous l’avons indiqué plus haut, avec les usages et les mœurs des habitants de l’Éthiopie et de l’Égypte. Nous voyons chez eux le même respect pour les morts que chez les

  1. Livre II, ch. 50, liv. IV, ch. 198.
  2. Ritter : Géog. physique de l’Afrique, t. III, p. 189.