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Page:Jolibois - Dissertation sur l’Atlantide.djvu/88

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mémoire sur l’atlantide

et s’était réunie à la Méditerranée ; mais il attribue cet évènement à un tremblement de terre, à une convulsion violente de la nature, et réfute l’opinion de Straton le physicien, qui prétend que c’est la Méditerranée qui, par la violence de ses flots[1], enflés par l’irruption du Bosphore, a rompu cette séparation qui l’empêchait de communiquer avec l’Océan. Sénèque reconnaît que l’Espagne a été arrachée violemment par la mer du continent de l’Afrique[2]. Valerius Flaccus, dans son poème des Argonautes, nous rappelle la même catastrophe :

  « . . . Nec enim tunc Eolus illis
« Rector erat, Libyæ cum rumperet advena Calpen
« Oceanus ; cum flens siculos OEnotria fines
« Perderet, et mediis intrarent montibus undae. »

(Lib.I. v. 587)[3]
  1. Strabon a raison : c’est l’Océan qui s’est frayé un passage : telle est l’opinion des géologues et des physiciens modernes, « Il est remarquable, dit le savant abbé Corréa de Serra, cité par M. Dureau de la Malle, dans sa Géographie physique de la mer Noire et de la Méditerranée, p. 348, il est remarquable que la forme du détroit de Gibraltar soit telle à peu près qu’elle devait être, s’il eût été formé par une irruption de l’Océan dans la Méditerranée. Il a la forme d’un entonnoir, et cette forme est si régulière que les pointes occidentales et extérieures du détroit, qui se correspondent exactement, ont une égale différence en latitude, avec les deux pointes intérieures qui forment le fond de l’entonnoir, vers la Méditerranée. Car voici la position correspondante des quatre pointes, d’après les observations de Tofino, et autres astronomes espagnols :
    Punta Laneo, à 35° 55′ 30″ différence, 6′ 50″
    Cap Spartel, à 35° 48′ 40″
    Punta Carnero, à 36°  1′ 30″ différence, 6′ 40″.
    Punta Sera, à 36°  8′ 10″

    « Le fond de l’entonnoir est dans l’endroit où la chaîne des montagnes les plus hautes passe de l’Europe en Afrique, sans autre interruption que cette ouverture. Les matériaux dont ces montagnes sont composées, sont de même nature en Europe et en Mauritanie ; ce qui porte naturellement à croire que le fossé qui les sépare est bien plus moderne que leur formation. »

  2. Quæst. natur. 1. VI, ch. 29.
  3. Voyez aussi dans Valerius Flaccus, l. II, v. 618.