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mémoire sur l’atlantide

L’antique Grèce avait la tradition de deux déluges : celui d’Ogygès, qu’Eusèbe, dans ses Chroniques, fixe au temps du patriarche Jacob, Choiseul et Gouffier, vers l’an 1754 avant notre ère, et celui de Deucalion, au temps de Moïse, vers l’an 1530 avant J.-C. Ne paraît-il pas probable que ce fût dans le déluge d’Ogygès que le pont Euxin rompit ses barrières et, s’écoulant par le Bosphore, inonda la Grèce, enfla la Méditerranée et ravagea le littoral de l’Italie et de l’Afrique, ravages dont Pline[1] fait mention ? Ensuite, près de deux cents ans après, arriva la grande catastrophe qui rompit les barrières d’Hercule, ouvrit une communication entre la Méditerranée et l’Océan, et anéantit la partie occidentale de la malheureuse Atlantide, catastrophe qui, pour des causes naturelles, pût coïncider avec l’inondation de la Thessalie, procurée, à ce qu’il paraît, par les eaux intérieures qui sortirent des gouffres et des cavernes dont sont parsemées les chaînes du Cithéron, de l’Œta et de l’Olympe[2].

Un passage frappant des Chroniques d’Eusèbe[3] semble appuyer notre sentiment. « Au temps de Deucalion, dit-il, sous Phaëton, l’Éthiopie fut ravagée par les flammes. « Εϰι Φαεθοντος εϰπυρωσις εν Αιθιωπια.[4]. » Or, remarquons de nouveau que l’Éthiopie était le nom que les anciens étendaient à toute la partie nord de l’Afrique[5], où les habi-

  1. Livre II, ch. 92.
  2. Chronicorum Canonum, l. I, ch. 30.
  3. Ferreras et Masdeu (le premier, Hist. d’Espagne, liv. I ; le second, Storia critica de Espana, tom. III), savants espagnols, fixent la rupture du détroit à l’an 1698, avant Jésus-Christ. Je ne connais pas les raisons qu’ils apportent (Voyez Eusèbe, liv. I, ch. 30 de ses Chroniques).
  4. Eusèbe ajoute, dans le livre second de ses Chroniques, où il rappelle ce fait par ces mots frappants : Et alia multis in locis exterminia contigerunt, ut Plato refert in Timœo, πολλαι ϰαι αλλαι γεγονασιν Ελλησι τοπιϰαι φθομαι, ως Πλατων εν Τιμαιω..
  5. Voyez Gosselin, Géog. des Grecs analysée, p. 109.