DE LA BEDOYÈRE.
e comte De La Bédoyère, jeune militaire aussi distingué par sa valeur que par ses talents, plein d’espérances et de gloire, mais non moins coupable que le maréchal Ney, a payé aussi de sa tête le crime de haute trahison… Les mêmes événements, les mêmes illusions, des souvenirs récents et trop chers, les ont entraînés tous deux. Leur sort a été commun, et une double célébrité réunit leur histoire dans ce Recueil.
Mais tandis que des circonstances particulières et les excès d’un zèle indiscret ont forcé à enlever à la tombe du maréchal Ney tout ce qui pouvait retracer sa mémoire, celle du comte De La Bédoyère conserve encore le modeste monument de tendresse et de douleur élevé d’abord, et cimenté chaque jour par les larmes amères d’une veuve sans consolations et d’un orphelin privé du plus précieux héritage de son père, celui d’une réputation sans tache.
C’est dans un endroit écarté, sous le feuillage épais d’antiques acacias, que l’on découvre avec peine ce monument d’un aspect mélancolique, sous la forme d’un cippe carré en marbre blanc, surmonté de l’urne cinéraire et entouré d’une barrière grossière. Un bas-relief délicatement sculpté attire les regards. Il représente une femme à demi voilée, dans l’attitude de la plus profonde affliction ; elle embrasse un enfant qui semble se réfugier dans ses bras : vis-à-vis d’elle, une urne funèbre ; une épée, un bouclier, une couronne de laurier, caractérisent la cause de ses regrets. Au-dessous est écrit :
Sur la face opposée on lit :