Page:Joly - Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 98 —

vous ai sauvé, voulez-vous de moi ? vous êtes libre de me condamner ou de m’absoudre par votre vote.

Montesquieu.

Libre sous le poids de la terreur et de la force armée.

Machiavel.

On m’acclamera.

Montesquieu.

Je le crois.

Machiavel.

Et le vote populaire, dont j’ai fait l’instrument de mon pouvoir, deviendra la base même de mon gouvernement. J’établirai un suffrage sans distinction de classe ni de cens, avec lequel l’absolutisme sera organisé d’un seul coup.

Montesquieu.

Oui, car d’un seul coup vous brisez en même temps l’unité de la famille, vous dépréciez le suffrage, vous annulez la prépondérance des lumières et vous faites du nombre une puissance aveugle qui se dirige à votre gré.

Machiavel.

Je réalise un progrès auquel aspirent ardemment aujourd’hui tous les peuples de l’Europe : J’organise le suffrage universel comme Washington aux États-Unis, et le premier usage que j’en fais est de lui soumettre ma constitution.